
« C’est impossible d’avoir une vie normale si on ne se responsabilise pas. J’ai voulu être acteur pour ne pas subir : je me suis informée. J’ai adopté une hygiène de vie rigoureuse. Je mène une vie saine et active. »
Véronique Labedade, bipolaire depuis 25 ans, présidente et fondatrice depuis 2015 du Le Phare des 2 Pôles
Être acteur de sa santé est en quelque sorte une façon de ne pas subir la maladie. La personne consciente de sa santé mais aussi de sa maladie, agit pour elle-même de manière à préserver au maximum son état de bien-être physique, mental et social. Elle adopte des comportements responsables et adéquats dans le but de conserver ou améliorer sa qualité de vie. Selon ses envies et ses capacités à le faire, elle participe à son parcours de soins.
Être acteur de sa santé c’est par exemple :
- Apprendre à bien se connaitre
- S’informer et accepter la maladie pour la gérer au mieux
- Découvrir ses forces et ses faiblesses
- Comprendre ce qui est bon ou pas pour soi-même
- Développer de nouvelles ressources personnelles
- Anticiper ou gérer son stress
- Pouvoir s’observer et déceler autant les facteurs qui préviennent, autant que ceux qui favorisentla rechute (en reconnaissant les premiers signes d’une éventuelle nouvelle crise)
- Respecter une bonne hygiène de vie
- Reprendre le contrôle de sa vie grâce au pouvoir d’agir et favoriser l’empowerment.qui est le développement du pouvoir d’agir des personnes sur les conditions auxquelles elles sont confrontées.
- Accepter que l’on ne soit pas que la maladie, que la bipolarité ne nous définit pas.
Envisager l’avenir avec espoir : quelques conseils
- Se renseigner :
- La connaissance du trouble bipolaire et la compréhension de ses humeurs sont des atouts majeurs pour mieux vivre avec la maladie
- Vous pouvez vous informer auprès de votre médecin, psychiatre, auprès du personnel soignant ou toute autre forme de de psychoéducation.
- Organisez votre vie en fonction de ce que vous connaissez du trouble bipolaire dont vous souffrez avec vos symptômes personnels . Quelques exemples (liste non-exhaustive) :
– Limiter les activités durant la phase maniaque, même si ces dernières vous procurent du plaisir.
– Eviter les prises de décisions importantes surtout dans la phase maniaque, mais aussi dans la phase dépressive.
– Garder le contact avec ses personnes de confiance
– Protéger sa situation financière
2.La gestion du traitement médicamenteux :
- Evitez de modifier ou d’arrêter votre traitement sans l’accord du médecin prescripteur, même si vous ne faites pas d’épisode dépressif ou maniaque. Prenez votre traitement médicamenteux comme prescrit par votre médecin concernant la dose, la fréquence, la durée. Si vous avez des questions concernant votre traitement, parlez-en à votre médecin. Continuez à aller en consultation chez votre psychiatre, psychologue, assistant social ou tout autre intervenant.
3.Reconnaître les premiers symptômes comme signes d’alarme :
- Apprenez à reconnaître les signes avant-coureurs et soyez-y attentif. Ils annoncent la survenue d’un nouvel épisode, à savoir une nouvelle phase dépressive ou une nouvelle phase maniaque. Durant les périodes stables, consignez ces signes d’alarme dans un cahier si nécessaire, ils sont propres à chaque personne. Votre entourage peut vous aider à détecter ces signes (perturbations du sommeil, de l’humeur, du comportement…), car bien souvent vos proches les décèlent plus facilement et plus rapidement que vous.
4.L’entourage est un soutien fiable et précieux
- Acceptez l’aide proposée par vos proches ou votre médecin.
- Lorsque les premiers signes se manifestent, acceptez d’écouter vos proches et osez leur avouer que vous ne dormez plus ou que vous êtes excité, etc.
- Essayez d’avoir une personne de confiance dans votre entourage. Tenez-la au courant de votre état. Définissez avec elle, les conduites à tenir en cas de rechute, faites-lui savoir ce que vous attendez d’elle, expliquez-lui aussi ce que vous refusez qu’elle fasse. Si dans une phase maniaque vous avez tendance à dépenser démesurément, que peut faire votre proche pour vous aider ? Idem dans la phase dépressive. Si vous avez des idées suicidaires, quels comportements, quelles paroles attendez-vous de vos proches dans ce moment de grande souffrance ?
- Lorsque vous êtes stable, identifiez avec la personne de votre entourage les différentes situations qui sont trop stimulantes ou trop stressantes pour vous, dans le but de définir des stratégies de prévention
- Il est essentiel de garder des bonnes relations avec vos proches.
5.S’adapter pour mieux se protéger
- Favorisez une vie stable et des habitudes de vie saine : rythme de vie régulier, alimentation équilibrée à heures régulières, hygiène bucco-dentaire à respecter, alcool, tabac, drogues à proscrire, pratique d’un sport. Les exercices physiques réguliers ont un effet antidépresseur, ils permettent de réduire l’anxiété mais aussi les risques de surpoids et d’obésité dus aux traitements médicamenteux.
- Soyez attentif à votre sommeil. Il doit être régulier et suffisant. Les personnes souffrant de bipolarité sont plus à risque de rechutes lorsque leur cycle circadien (rythme veille-sommeil) est perturbé. Il est fortement recommandé de se lever (le matin) et de se coucher (le soir) toujours à la même heure. Les nuits blanches sont à bannir, quel qu’en soit le motif (études, sorties…). Un sommeil de mauvaise qualité durant quelques jours peut favoriser l’apparition de symptômes dépressifs ou maniaques. Evitez également les vols avec décalage horaire conséquent. Le lithium favoriserait l’amélioration du sommeil et du cycle circadien.
- Evitez dans la mesure du possible les sources de stress (positif ou négatif) à domicile, à l’école ou au travail. Essayer de gérer au mieux les situations stressantes. Comment ? En refusant par exemple certaines responsabilités, certaines sollicitations, en demandant un aménagement de poste si nécessaire, en utilisant des méthodes de relaxation, en pratiquant des activités physiques, etc. Gérer son stress c’est aussi choisir des activités qui ne me mettent pas la pression et qui me font du bien. Bien gérer son stress c’est pouvoir reconnaître quelles situations sont vécues comme stressantes pour mieux les appréhender et se simplifier la vie. Il est également possible d’apprendre des techniques de gestion du stress.
- Gardez en mémoire que vous êtes particulièrement sensible à tout évènement de vie avec un impact émotionnel important (période d’examens scolaires, séparation, divorce, décès d’un proche, naissance d’un enfant, nouvel emploi, promotion, problème financier récurrent, climat de travail insupportable, etc.). Cette fragilité émotionnelle peut facilement déclencher une nouvelle phase maniaque ou depressive.
- Favorisez un travail de jour non posté, si c’est possible. Alterner des postes de nuit, de matin et d’après-midi est déconseillé, car le risque de déclencher une phase dépressive ou une phase maniaque est réel avec de tels horaires.
- Planifiez votre journée et essayer de vous y tenir dans la mesure du possible car avoir un rythme de vie avec des activités programmées est essentiel. Tenir un agenda (papier ou digital) permet d’installer un certain rythme dans son quotidien et de le respecter. ’e . Bien gérer son temps diminue le stress considérablement
- Protégez-vous des conflits en prenant vos distances en cas de surmenage, de mauvaise ambiance à l’école ou au travail, de problème de communication
- Pratiquez des activités de détente : bain, relaxation, promenade dans la nature, sport, écoute ou pratique de la musique, cuisiner, etc.
- Adonnez-vous à la méditation ou à la pleine conscience (mindfulness/Achtsamkeit ) qui sont pour certains des outils de prévention des rechutes
- Pratiquez des exercices de respiration ou de méditation : votre esprit sera apaisé et cela aura un impact favorable si vous souffrez d’anxiété
- Ayez des loisirs, des activités récréatives, créatives.
- Réduisez ou arrêtez votre consommation de substances excitantes et nocives telles que caféine, théine, taurine, alcool, cannabis ou autres substances illicites. Elles déstabilisent l’humeur. Consultez un médecin et faites vous aider médicalement si necessaire.
6.Rencontrer des personnes
Inscrivez-vous dans une association de patients, dans un groupe de parole pour patients bipolaires. C’est une manière de se sentir moins seul, d’échanger avec des personnes qui vivent la même chose que vous. Ils peuvent vous donner des conseils, des avis, vous pouvez si vous le désirez partager vos expériences de la maladie. Bien souvent, ces rencontres avec des personnes qui vous comprennent redonnent de la confiance en soi et de l’espoir.
7.Agir sur les symptômes persistants de la phase de stabilisation
Les symptômes résiduels du trouble bipolaire sont les manifestations persistantes qui peuvent subsister après la fin d’un épisode aigu (dépressif, maniaque ou mixte). Lien vers l’explication sur le site
Bien que vous soyez en phase de stabilisation, ces symptômes peuvent altérer votre fonctionnement quotidien et augmenter le risque de rechute.
Ils peuvent toucher différents domaines :
- Humeur : fatigue persistante, légère instabilité de l’humeur, perte d’intérêt ou d’énergie, des réactions émotionnelles excessives
- Capacité cognitive : troubles de la mémoire, difficultés de concentration, ralentissement psychomoteur, capacités d’apprentissage réduites, organisation et planification des tâches
- Interaction sociale : isolement, difficultés à retrouver une vie sociale et professionnelle stable.
- Effets secondaires des traitements : certains médicaments peuvent entraîner un ralentissement psychomoteur, une prise de poids ou des troubdles cognitifs.
- Ces symptômes résiduels peuvent vous paraître handicapants. Si vous avez des difficultés cognitives, vous pouvez vous adresser à un spécialiste ou à des services spécialisés dans la remédiation cognitive (D’Ligue, neuro-psychologues…).
- Bien entendu, les conseils déjà évoqués précedemment comme maintenir une bonne hygiène de vie et veiller à un suivi médical régulier, restent de mise.
En parlant de Garouste auteur du livre » l’Intranquille, Autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou » L’iconoclaste 2009
Sa manière à lui de prévenir la rechute de la maladie (extrait) :
… Il évite aussi « les lectures trop exaltantes », qui pourraient le faire basculer dans une « euphorie dangereuse « . Evite Paris, pour se ressourcer au calme, à Marcilly-sur-Eure, où il est installé depuis trente ans. Se force à dormir.
..Et se méfie des chiffres : « En général, quand je pars en délire, je me mets à compter, les carreaux, les brins d’herbe, les étoiles. Je vois des correspondances mystiques partout. Je peux suivre une plaque minéralogique en voiture pendant des kilomètres et y voir un signe secret… »