Alternant entre des phases d’exaltation, appelées épisodes maniaques ou hypomaniaques, et des périodes de dépression, le trouble bipolaire entraîne des symptômes variés selon la phase traversée. Par conséquent, comprendre ces symptômes distinctifs est essentiel non seulement pour reconnaître le trouble, mais aussi pour en saisir la nature. En outre, cela permet de favoriser une prise en charge adaptée et efficace

Manie ou phase maniaque : signes et symptômes

Psychiques et affectifs

  • Sentiment de toute puissance, idées de grandeur : rien ne semble impossible à réaliser, la personne se prend pour une vedette, ses capacités intellectuelles ou physiques sont extraordinaires;;
  • Estime de soi excessif, amour-propre exagéré ;
  • Sentiment de bien-être ;
  • Désinhibition ;
  • Euphorie ;
  • Sentiment d’invincibilité ;
  • Irritabilité exagérée : accepte difficilement les critiques ou les opinions d’autrui, ce qui peut déclencher de la violence verbale et parfois dégénérer en violence physique.
  • Intolérance aux remarques ;
  • Hallucinations et délires : présents dans 50% des phases maniaques ;
  • Labilité émotionnelle : passer du rire aux larmes très rapidement ;
  • Hypersensibilité :  vivre les émotions avec une intensité exagérée et les contrôler difficilement. Par exemple, un événement courant et banal peut provoquer une profonde tristesse ou un sentiment de grand bonheur ou d’euphorie.

Cognitifs

  • Distraction : le moindre petit stimuli extérieur peut-être à l’origine de cette distraction.
  • Pensée sans suite logique : la personne passera du coq à l’âne en parlant, écrira de manière illisible, son discours sera pauvre et superficiel ;
  • Accélération de la pensée (pensées décousues qui défilent) ;
  • Manque de jugement.

Physiques

  • Réduction du temps de sommeil : insomnie sans fatigue  (la personne peut se sentir reposée après 3 heures de sommeil) ;
  • Augmentation de l’énergie physique, des activités, des mouvements ;
  • Agitation inappropriée ;
  • Augmentation de la libido.

Comportementaux

  • Dépenses inconsidérées : achats excessifs, jeux de hasard, hypothèque de la maison ;
  • Logorrhée et graphorrhée : parle et écrit de manière excessive  et désordonnée ;
  • Perte de la maîtrise de soi avec possibilité  de comportements dangereux, imprudents ou inadéquats ;
  • Colère déclenchée sans raison apparente : par une simple parole, par un geste anodin, ou par quelque chose qui ne va pas assez vite ;
  • Pensées ou activités sexuelles exagérées, qui peuvent engendrer des situations gênantes voire dangereuses ; promiscuité sexuelle (nombre de partenaires très élevé) ;
  • Consommations excessives d’alcool ou de drogues . Ces dernières ne sont nullement responsables du déclenchement de la maladie. Elles augmentent l’euphorie et les disputes avec les proches et peuvent quelquefois mener à des comportements violents et dangereux ;
  • Multiplication de projets irréalistes ;
  • Extraordinaire pouvoir de persuasion.

Explications

Durant l’épisode maniaque, la personne vit sans filtre, sans limite, comme si tout était permis. De plus, elle n’a pas conscience de son trouble, ce qui aggrave la situation. Son cerveau est en ébullition, et elle ressent une confiance en soi exagérée, tout en demeurant insensible aux remarques de l’entourage. Cette perte totale de contrôle entraîne des conséquences désastreuses, que ce soit au sein de la vie familiale, de la vie sociale ou encore de la vie professionnelle. Par exemple, des achats excessifs, une désinhibition sexuelle accompagnée d’un risque accru de comportements à risque, ainsi qu’une hyperactivité et une irritabilité marquées, inquiètent fortement l’entourage.

La colère, difficilement maîtrisable, pousse la personne à prononcer des mots extrêmement méchants. Par ailleurs, le sentiment de toute-puissance et d’invincibilité conduit le proche à commettre des délits, tels que des excès de vitesse ou une conduite en état d’ébriété, ce qui, par conséquent, entraîne des démêlés avec la justice. En effet, une personne bipolaire sur quatre aura affaire à la justice au cours de sa vie. Ainsi, ce fonctionnement chaotique et perturbateur débouche bien souvent sur une hospitalisation.

Les tableaux cliniques sont différents : les caractéristiques d’une phase maniaque peuvent être très variables d’un individu à l’autre. Par contre, elles sont à chaque fois identiques pour la personne malade. Une phase maniaque peut durer de quelques jours à quelques mois.

Hypomanie ou phase hypomane : signes et symptômes

A l’exception des signes psychotiques tels que délires et hallucinations, les signes et symptômes de l’hypomanie sont identiques à ceux de la manie, mais ils sont moins sévères.

Dans cette phase, la personne arrive à vivre presque normalement, elle poursuit son activité professionnelle, ses relations familiales et sociales sont  peu voire pas impactées.

Il est possible à tout moment de basculer de la phase hypomane en phase maniaque ou en phase dépressive. Dans ce cas, la personne nécessite très souvent une hospitalisation.

Phase dépressive : signes et symptômes

Psychiques et affectifs

  • Tristesse exprimée quotidiennement avec sentiment de perte, de vide
  • Désespoir
  • Sentiment d’indifférence émotionnelle envers son entourage ou son environnement
  • Sentiments d’inutilité, de culpabilité ( par rapport à son comportement durant la phase maniaque)
  • Sentiment d’auto-dévalorisation
  • Sentiment d’inutilité
  • Sentiment de culpabilité  et de honte par rapport à son comportement durant la phase maniaque
  • Perte d’intérêt à l’égard du travail, des relations familiales et sociales
  • Indifférence  pour les loisirs
  • Manque de motivation
  • Impatience, irritabilité et même accès de colère
  • Idées suicidaires
  • Agitation et anxiété qui peuvent conduire à des crises de panique
  • Désintérêt des rapports sexuels (baisse de la libido)

Cognitifs

  • Ruminations de pensées
  • Difficulté à se concentrer, à penser ( la personne n’arrive pas à lire un livre ou à regarder la télévision)
  • Troubles de la mémoire
  • Troubles de l’attention qui peuvent engendrer des situations  dangereuses (risque d’accident domestique  ou de circulation);
  • Difficulté à prendre des décisions
  • Hallucinations et délires peuvent également se manifester

Physiques

  • Plaintes  physiques  : palpitations, céphalées, douleurs musculaires ou articulaires, constipation, nausées ou autres problèmes intestinaux…
  • Nervosité physique (la personne ne tient pas en place)
  • Prise ou perte de poids car appétit perturbé
  • Insomnie ou sommeil excessif
  • Perte d’énergie, fatigue permanente

Ralentissement psychomoteur ou à l’inverse, agitation

Symptômes comportementaux

  • Hygiène personnelle négligée
  • Difficultés  à effectuer les tâches du quotidien
  • Tendance à l’isolement social
  • Automutilations ou tentatives de suicide lorsque le désarroi est trop grand
  • Abus de substances (médicaments, alcool, cannabis, etc.)
  • Comportements à risque en réaction aux symptômes cognitifs (oubli de rendez-vous, oubli de payer les factures, prise irrégulière d’un traitement, accidents…)

Cette phase dépressive est particulièrement douloureuse pour la personne malade. De plus, l’entourage est lui aussi fortement affecté et se sent bien souvent impuissant face à la détresse de son proche. Par ailleurs, plus la phase maniaque a été sévère, plus la dépression qui suit risque d’être profonde. En effet, le danger principal de la phase dépressive réside dans le risque de suicide. De surcroît, cette phase peut durer plusieurs mois, son intensité et sa durée étant ainsi variables