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Vidéo : du burn-in au burn-out (version accessible)

Comme professeur Paul, je remplace aussi le Dr Klauss et je présente un exposé qui peut être sensiblement différente de ce que, lui avait imaginé. C’est un exposé qui découle aussi de ma pratique, de ce que je vois que ce soit en milieu hospitalier ou dans les consultations. C’est ce concept qu’on parle de plus en plus de Burn Out qui est un peu un concept qui était à la fois un fourre-tout, comme docteur Paul l’avait dit dépression, burnout, démotivations. Ça peut dire beaucoup de choses et je pense que comme ce n’est pas décrit, comme ça n’a pas été définie comme un trouble mental, on a beaucoup de difficulté à faire comprendre aux gens que votre dépression ce n’est pas simplement une dépression classique, c’est une dépression plus autre chose quoi. Alors grosso modo je vous parlais du Burn In qui est un peu la première étape du Burn Out. Population à risque ; comment est-ce qu’on peut passer d’un état de Burn In ou Burn Out ; les définitions du Burn Out que le docteur Paul a déjà beaucoup thématisé ; les conséquences ; comment est-ce qu’on peut réagir ; quel traitement, qu’est-ce qu’on peut imaginer comme traitement, qu’est-ce qu’on peut imaginer comme prévention… Donc un bref historique du Burn Out. Ce stade préliminaire qu’on appelle le Burn In a été décrit en premier en 1994 par un psychologue américain Cary Cooper qui décrit ce qu’il appelle un présentéisme. C’est à dire que les gens, contrairement aux gens qui sont absents à leur travail, qui sont souvent absents, sont des gens qui sont hyper présents travail se sont pas des gens qui vont travailler que 8 heures. Ils vont travailler plus que 8 heures, qui vont s’investir excessivement sur le lieu de travail qui conduit tôt ou tard à une sorte de surmenage, mais qui s’installe. Ce n’est pas un processus qui se passe en l’espace d’une semaine, deux semaines, ça prend du temps. Et petit à petit, on arrive à une situation où physiquement on est présent mais on n’est pas tout à fait là, on a des difficultés cognitives, on a des difficultés à être dans la réalité, on est un peu démotivé, on est un peu fatigués, on est peu productif mais on continue, on continue. Il y a ce qu’on appelle un certain déni de la situation. Je pense que c’est important de pouvoir connaître un peu ce que c’est le Burn In parce que je pense qu’on peut arriver à éviter qu’on arrive à ce stade catastrophique du Burn Out où c’est la décompensation où on connaît tous, ça prend du temps pour en sortir avec des conséquences socio-économiques, familiales parfois dramatiques. Alors, qu’est-ce qu’on voit plus ou moins dans quelqu’un qui est susceptible de faire un Burn In. C’est quelqu’un qui est comme on dit extrêmement motivé. C’est quelqu’un qui se sent indispensable à son travail. C’est quelqu’un qui va enchaîner beaucoup de choses, qui va faire toutes les réunions qu’il peut. S’investir dans tous les projets qu’on lui demande. Être là présent. Plus d’heures de travail. En même temps c’est quelqu’un qui va être dans une logique de fonctionnement. Il va être assez incapable de s’accorder des phases de détente indispensable à recharger ses batteries. C’est quelqu’un qui va prolonger ses journées au bureau. Pour lui tout va bien, pour lui avant tout c’est la réussite professionnelle, que ça avance. Sa productivité professionnelle est maximale et on le décrit comme l’employé modèle. C’est la personne à qui on peut demander. Il ne va jamais dire non. Il va toujours trouver des idées. Il va se couper en quatre pour faire les choses. Donc c’est quelqu’un qui va s’épuiser mais qui est dans un processus de déni, qui ne va pas l’accepter, qui ne va pas accepter qu’il était en train de changer d’une position où il est extrêmement motivé à une autre position où la démotivation commence à s’installer. Alors il y a plusieurs causes. Il y a plusieurs causes qui peuvent emmener à cette situation. Une des causes, ça peut être aussi le contexte socio-économique ou une personne qui a perdu son travail qui retrouve un travail et qui de plus, si c’est quelqu’un qui élève seule son enfant, va peut-être faire beaucoup de concessions à son travail. C’est à dire qu’il va peut-être travailler beaucoup plus. Parce que la peur, c’est la perte de son travail, la perte de son revenu, le besoin de faire vivre sa famille, surcharge de travail. Il y a aussi ce que l’entreprise véhicule comme modèle, quel est un peu le moto de l’entreprise. Qu’est-ce que l’entreprise donne comme idée. C’est extrêmement important parce qu’il y a beaucoup de gens qui vont s’identifier à ça. On a un type de profil qu’on retrouve assez souvent, c’est la personne qui a besoin de valorisation, qui a besoin qu’on reconnaisse ce qu’elle fait, et qui a un côté assez perfectionniste. Et comme on sait toujours, les perfectionnistes ne sont jamais contents quand ils atteignent le niveau. Ils peuvent toujours aller plus loin. La question de sa limite se retrouve aussi dans ce besoin de se faire voir, bien voir, d’être reconnu par ce qu’on fait. Si la culture associée à ça, vous avez une culture de l’entreprise qui valorise la performance, qui vous dit : « bah celui qui est malade c’est un tire-au-flanc, celui qui est fatigué ne vaut rien » eh bien on est dans une situation où, dans cette entreprise-là, soit, de façon un peu grossier, soit ça marche où on crève. Et bien souvent on essaye de faire le mieux qu’on peut pour que ça marche. Alors le Burn Out ne se passe pas du jour au lendemain. C’est un processus qui prend du temps. C’est un processus qui prend du temps. Comme docteur Paul l’avait dit, Freudenberger avait identifié ce processus, non pas chez des gens travaillant dans une entreprise mais chez des soignants. Chez des assistants sociaux, les médecins, des psychologues qui s’occupaient de gens dans un centre de santé mentale à New York. Pour vous dire que ça prend du temps, entre ce monsieur qui est tout plein d’énergie, tout plein de punch, qui commence son travail et ses collègues qui sont déjà brûlés, Burn Out, un peu cynique qui disent « je donne deux ans avant qu’il vienne rejoindre notre camp ». Alors le Burn In, le Burn Out, c’est un peu deux choses qui peuvent se suivre, qui peuvent aussi ne pas se suivre. On peut passer du Burn In au Burn Out sans se rendre compte, sans en être conscient. Alors c’est un schéma que j’ai trouvé dans un article français qui reprend un peu schématiquement les différentes phases d’un syndrome d’épuisement professionnel qui est le Burn Out. Alors on peut dire que la partie verte, on peut la définir comme, disons quelque chose qui est plus normale, qui est plus proche de la normalité. On a un travail. On est engagé. Comme les anglo-saxons disent : « we are committed to our work ». On a plaisir au travail. Ça veut dire, ce travail-là nous procure du plaisir. On est content d’aller au travail tous les jours. On est efficace. On produit et il y a ce qui est important, il y a un état de bien-être travail. On est content d’aller au travail. Ce qu’on nous demande de faire, on sait l’exécuter et on est content à la fin de la journée. Petit à petit, le vert peut passer à l’orange. Ça veut dire qu’il y a un surinvestissement, un sur engagement de ce qu’on fait, qui petit à petit, comme vous voyez, le plaisir qui est vert et ben il passe à l’orange et il y a l’apparition de l’anxiété. L’anxiété c’est un phénomène, c’est un peu le sommet de l’iceberg de ce qu’il y a en dessous. C’est peut-être des stress, des conflits au niveau de l’équipe. Et petit à petit, on développe les premiers symptômes qui peuvent être, le plus classique, les troubles du sommeil. Ça peut être, comme on dit de la tête aux pieds, on peut avoir des problèmes cardiaques. Ça peut commencer par des petites extrasystoles. Ça peut commencer par de la palpitation. Ça peut passer par de la tachycardie, digestif. On connait beaucoup de gens qui passent chez le gastroentérologue, faisant des gastroscopies, parce qu’ils sont nerveux. Ils ont de l’acide. Ce n’est pas imaginer. Ils sont vraiment sous stress des problèmes dermatologiques comme des problèmes d’allergie, d’eczéma, de rougeurs qui apparaissent tout d’un coup sur la peau. On descend, on arrive à ce qu’on appelle. Il y a comme un enchainement frénétique au travail. Ça veut dire qu’on passe d’un état de plaisir. Le plaisir commence à disparaître et on arrive à un état où c’est l’anxiété qui s’installe au travail. C’est l’anxiété qui s’installe avec les symptômes qu’on ressent au début, qui deviennent des syndromes. Ça veut dire des choses qui s’installent dans le temps, qui deviennent chroniques. Alors les petits troubles de sommeil, on ne dort pas bien un jour ou deux ou le dimanche avant le lundi, commencent à devenir des troubles du sommeil chroniques. On ne dort pas bien, on a des cauchemars, on se réveille. La fatigue devient chronique et on commence à avoir des problèmes où c’est plus des petites palpitations mais on doit prendre des médicaments pour l’hypertension. On doit prendre des médicaments pour l’ulcère gastrique. On a tout plein de petites choses qui arrivent, on ne comprend pas pourquoi. C’est un peu comme si tout ce qui passe, on l’attrape. Comme, je pense qu’on connait tous, qu’on a des jeunes enfants qui vont à la crèche, les infections virales, on se le refile. Alors quelqu’un qui est dans une situation où il est dans cet état émotionnel ou son immunité est diminuée, croyez-moi, on n’attrape pas mal de choses et qu’on comprend pas. On va passer beaucoup de temps, beaucoup de, on va dépenser aussi beaucoup d’argent à consulter beaucoup. Alors l’étape ultime c’est qu’on arrive à l’effondrement. C’est à dire que ça c’est le Burn Out, c’est à dire qu’il n’y a pas, c’est pas uniquement physique, c’est pas uniquement psychologique. C’est trois choses : il y a un épuisement émotionnel, il y a un épuisement psychologique et il y a un épuisement physique. Ça veut dire que la personne qui arrive au stade du Burn Out, et bien il n’est pas simplement stressé, il n’a pas simplement envie de ne pas travailler. Ce sont des gens qui ont des symptômes et des syndromes qui commencent à se manifester de plus en plus. C’est des gens qui vous disent : « quand je quitte la maison le matin je commence à avoir mal au ventre, quand j’arrive à 100 m de mon bureau je commence à avoir des attaques de panique ». Alors, comme je vous disais le Burn Out n’est pas simplement une question de stress. C’est plus que le stress. Je vais passer très vite, le professeur Paul a déjà mentionné beaucoup de choses. Donc comme je vous dis monsieur Freudenberger a été une des personnes qui a décrit ce phénomène dans des métiers où on s’occupe des autres. Donc les métiers à risque, ce sont aussi des métiers où on se donne beaucoup pour s’occuper des autres. Il y a cette idée d’un comportement où on se sacrifie pour s’occuper des autres. Les médecins, les infirmiers, les gens qui travaillent dans le milieu de la santé ont un risque de Burn Out très élevé. Dans les années 80 madame Maslach a mieux, je pense, décrit ce phénomène. Elle a parlé du « Occupational Burn Out » où elle a également décrit trois niveaux : un niveau psychologique, émotionnel et physiologique. Et elle a parlé des « stresseurs professionnels » et là aussi elle mais un point sur le fait que ce n’est pas un stress banal. Ce n’est pas quelque chose qui arrive ponctuellement. C’est quelque chose qui est là, répétitif, quotidien et que la personne a du mal à prendre à distance. Donc, conséquences du Burn Out, c’est une manifestation, une quantité de stress, de stress au travail qui se répète continuellement, quotidiennement et qui finissent par user et épuiser la personne. Et c’est ça qui donne des symptômes, des syndromes et qui finalement, on s’écroule. Alors de ce qu’on retient des conséquences du Burn Out, il y a les aspects émotionnels et mentaux. La personne qui était la référence, comme je décrivais au début, la référence, l’employé modèle, eh bien il y a quelque chose qui change au fil du temps, qui, au milieu d’une réunion, commence à être émotionnellement débordé, qui peut commencer à pleurer, qui peut commencer à avoir des attitudes irrationnelles, qu’on ne peut pas comprendre pourquoi. Par exemple des crises de larmes au travail. Il y a la dépersonnalisation qui s’installe. C’est à dire la personne qui était motivante, qui motive son équipe, qui avait toujours des idées pour faire travailler les autres, pour stimuler les autres. Eh bien cette personne commence à être indifférente, cynique, qui prend distance, qui prend du temps à répondre à son équipe. Les gens ne la reconnaissent plus et donc les gens de son équipe disent toujours : « mais qu’est ce qui arrive, il craque ? Qu’est ce qui lui arrive ? ». Alors on peut prendre ça aussi comme de l’arrogance. Et le côté physique, ça veut dire l’apparition des symptômes psychosomatiques que j’avais décrit précédemment. Disons qu’on a une propension à avoir, à développer des maladies un peu polymorphes. Le résultat de tout ça c’est que bien souvent quand nous on voit des patients, ils arrivent dans un état de dépression. Il n’arrive pas avec un diagnostic de Burn Out. C’est : il est déprimé. Evidemment, il a tous les symptômes de dépression : troubles du sommeil, perte de poids ou augmentation du poids, anhédonie, ça veut dire perdre l’envie de faire des choses qu’il aime. Il ne sait pas se concentrer. Il a des troubles de la mémoire et on se dit : « bon ben c’est une dépression ». Mais si on ne prend pas le temps de comprendre qu’est ce qui est à l’origine de la dépression on va se contenter, de façon un peu caricaturale, de dire « dépression ». On va mettre sous antidépresseurs. On va l’envoyer chez un thérapeute. On fait nous-mêmes la psychothérapie. Et je pense qu’il faut bien distinguer un patient qui arrive avec un diagnostic de dépression, quelle est l’origine, est ce que c’est une dépression, est ce que c’est la conséquence de Burn Out. Je pense que c’est important. De façon tragique un Burn Out peut aussi se terminer par un suicide au travail. Un suicide au travail ou comme ce que les japonais décrivent comme le « Karoshi », on meurt du travail, au travail. C’est-à-dire les gens qui peuvent avoir une crise cardiaque au travail. Vous allez me dire : « c’est le japon on est très loin de ça ». Mais je pense que ces derniers temps, on a eu des cas où des gens ont été emmenés aux urgences. Pourquoi ? Parce qu’ils ont eu des malaises, des problèmes cardiaques au travail, problème d’AVC au travail… Donc on n’est pas si loin de cette situation-là. Donc quand on parle de Burn Out, bien souvent on a beaucoup de symptômes qui apparaissent qu’on parle. Bien souvent, un Burn Out on dit qu’on est fatigué, la fatigue intense. Mais il y a aussi d’autres choses parfois qui sont très importants mais qui ne sont pas là à l’avant plan. Il y a un risque suicidaire. Il y a un risque d’isolement. Il y a un risque de manque de soutien. Je pense qu’au Luxembourg, il y a beaucoup de gens qui viennent ici, qui viennent travailler et je pense que beaucoup de ces personnes-là manquent au réseau social. Il n’y a pas d’entourage familial qui est présent. Ils sont beaucoup plus susceptibles de faire un Burn Out. Ils sont beaucoup plus susceptibles aussi de se retrouver dans un état de précarité où, effectivement, quand le travail, la raison pour laquelle on était arrivé au Luxembourg, ne fonctionne pas on a l’impression que c’est l’échec qui s’installe. Qui dit échec, soit on réagit, on réagit, on demande de l’aide, on comprend pourquoi. Sinon, on peut s’enfoncer dans un processus extrêmement pessimiste avec des idées de suicide, avec l’impression que la vie n’a plus de sens. La vie, le travail et il y a ce qu’on avait décrit tout à l’heure, la perte de plaisir dans le travail. Le travail devient, est passé d’un endroit qui était stimulant à un endroit qui devient une sorte de danger permanent pour la personne. Alors une dernière diapo, pour vous montrer un peu la différence quand on est dans le Burn In qui est à gauche, et le Burn Out quand on est à droite. Donc quand on est dans le stade du Burn In, comme on dit, on soulève les montagnes, on se lance des défis, on n’a pas de limites. On a tendance à négliger ses propres besoins. On a un système de valeurs qui est basé sur la réussite au niveau travail, professionnel. Mais quand on passe, qu’on est dans le Burn Out, alors là on est toute une autre personne. La personne joyeuse qui prend des initiatives, qui lance, qui motive, elle commence à se retirer. Le phénomène de personnalisation s’installe. Elle n’a plus de sens parce qu’elle n’arrive plus à exécuter son travail. Elle n’arrive plus à mener à bien les défis qu’on lui demande. Evidemment à la longue, un état dépressif s’installe et, comme je vous parlais tout à l’heure, dans les cas extrêmes, ça peut se terminer par un suicide. Alors les causes du Burn Out, j’ai pris ce slide en exposé. Je trouve qu’il résume bien la situation. Mon but ce n’est pas de vous dire le Burn Out c’est que l’employeur est l’entreprise qui produit le Burn Out. On est bien d’accord là-dessus. Le Burn Out c’est aussi une rencontre d’une situation de travail et une personne. Une personne qui est faite de ses faiblesses, de ses forces. Donc les caractéristiques individuelles d’une personne interviennent aussi dans la genèse d’un Burn Out. Bien sûr au niveau du travail, on a parlé de ce qui peut provoquer les mauvais rapports aux niveaux sociaux au travail, le manque d’autonomie au travail, les exigences émotionnelles de travail. Tout ça, ce sont, vous me direz, des situations, des causes liées au travail. Mais au niveau individuel, une personne, il y a certaines personnes qui sont plus susceptibles de faire un Burn Out que d’autres. Tout à l’heure je vous parlais des patients, des personnes qui ont besoin de reconnaissance, qui ont besoin d’être reconnue de ce qu’ils font, qui sont perfectionnistes. Eh ben ils vont s’engager beaucoup plus sur le travail. C’est un peu une recherche de reconnaissance au niveau du travail. L’importance du travail pour l’individu, c’est quel est le système de valeurs qu’on a. Bien souvent ça découle aussi de notre éducation, de relation qu’on a eue avec nos parents, de comment est-ce que la famille nous a d’une certaine façon donnée en héritage en ce qui concerne le travail. Alors à la base du stress, on arrive au Burn Out. Il y a beaucoup de gens qui vont décompenser, qui vont développer des problèmes de santé. Je pense que le défi c’est comment sortir de là, comment retrouver à nouveau des nouveaux défis, de nouveaux enthousiasmes à la fois professionnels. Comment on peut s’engager différemment au travail. On va revenir aux bases. Je pense que l’une des choses c’est l’équilibre qu’on a entre, d’une part notre vie professionnelle et notre vie familiale, sociale, privée, appelez ça comme vous voulez tant que c’est important. La base aussi c’est que bien souvent, un patient qui est en Burn Out, et bah premier réflexe on l’envoie chez le médecin traitant qui va mettre un traitement, qui va le mettre en maladie et puis quand la maladie se prolonge finalement on va l’envoyer chez un spécialiste. Avec l’idée, avec le but qu’il faut le régler. Il faut régler ce problème. Il faut qu’ils retournent au travail. Il faut qu’ils se sentent mieux. Je pense, pour paraphraser Churchill, les médecins ne peuvent pas faire tout. Je pense que c’est un aveu de faiblesse. On ne peut pas traiter un Burn Out. On ne peut pas confier le traitement d’un Burn Out uniquement à un médecin, un psychiatre ou un thérapeute. C’est un tout. Je pense qu’il y a trois axes : il y a l’axe médical, il y a l’axe personnel de la personne et il y a un axe qui est liée à son entreprise, ça veut dire sur son lieu de travail. Et je pense qu’il faut qu’il y ait une interaction entre ces trois axes. L’axe médical souvent c’est un traitement qui est assez lourd, qui est assez complexe. Bien souvent il faut mettre ces gens en arrêt-maladie, les éloigner du travail. De mon expérience, la maladie peut durer entre trois mois et six mois, ce qui est extrêmement dur pour le patient, extrêmement mal vécu le premier mois parce que le patient ne comprends pas pourquoi il est en maladie, pourquoi il peut plus retourner, pourquoi il ne peut plus faire son travail. Pour lui c’est un échec. Il ne peut pas accepter d’être en maladie, d’être à la maison. Il le vit très mal. Souvent quand vous le voyez, il vous dit : « vous savez je ne suis pas sorti de la maison. Je suis resté enfermé chez moi ». Vous vous demandez pourquoi, bien sûr il a peur qu’on vienne le contrôler, mais il a peur de se montrer aux autres. Il a peur de rencontrer son voisin qui va lui demander : « alors tu ne vas pas travailler aujourd’hui ? ». C’est la peur du regard de l’autre. Bien souvent, il faut traiter médicalement avec des médicaments ces personnes en fonction du symptôme qui prédomine. Souvent une dépression, il faut traiter la dépression, il ne faut pas banaliser. Il ne faut pas dire : « mais nous on s’est dit un Burn Out, reposez-vous ça va aller mieux ». Il faut traiter la dépression. Il faut donner quelque chose qui puisse l’aider à dormir, s’il ne dort pas. Bien souvent ces gens-là ne dorment pas. On ne dort pas, on devient plus nerveux, plus irritable et on rentre dans un cercle vicieux où finalement on passe toute sa journée à ruminer, à voir, à élaborer des scénarios plus catastrophiques les uns que les autres. C’est aussi important que cette personne puisse avoir un soutien psychothérapeutique. C’est-à-dire que, au niveau de son estime de moi, qui gère un peu le côté émotionnel, reconstruire son côté émotionnel, son estime de soi. C’est des personnes qui, si vous souvenez de partie où je vous parlais du Burn In, c’est la personne, l’employé modèle qui tout d’un coup a peur de tout, se dit : « je suis un échec. Je ne vaux rien. Ma vie n’a plus de sens ». C’est important que, à la longue, je pense qu’il y a une remise en question de son mode de fonctionnement. Alors l’axe personnel, c’est une remise en cause de son mode de fonctionnement. Ce n’est pas trouver des petits trucs comme ça on peut retourner au travail. Comme ces deux images vous le disent, ce n’est pas à se dire : « bon ben il y a beaucoup de critiques au travail. Génial je veux trouver quelque chose qui va filtrer les critiques et amplifier les bonnes choses au travail ». Ça ne marchera pas on peut pas non plus, de façon humoristique dire : on va trouver un super fauteuil, ça fait des massages, on peut l’allonger et on peut écouter de la musique et en même temps quand on est un peu trop déprimé ça nous donne un petit coup d’électrochoc et on est revigoré. Ça, ce sont des trucs qui ne marchent pas. Alors on va retourner aux bases. Je pense que la personne qui fait un Burn Out a besoin de retrouver un peu le sens de sa vie. Retourner aux bases, c’est commencer peut-être par une alimentation un peu plus saine, une alimentation un peu plus variée. Ça veut dire aussi, au niveau personnel, c’est comment on change notre logiciel. Comment est-ce qu’on change ces règles qu’on a. Ces règles qu’on a hérité de notre éducation, de notre culture, de nos liens, de nos rapports avec nos parents. Ça veut dire comment on peut peut-être aussi apprendre à s’autoriser à vivre. Comment remettre en question des choses qui sont peut-être plus lourdes, plus négatives de ce qu’on a reçu. C’est apprendre à faire un peu le tri dans ce qu’on garde et ce qu’on met de côté aussi. Beaucoup de gens ont du mal à se dire : « me mettre sur un fauteuil, sur un divan, ne rien faire ». Il y a beaucoup de gens qui en deviennent malades de ça. Parce que se mettre sur un divan, ne rien faire ça veut dire une perte de temps. On n’est pas productif. Et si mon père, et si ceux-ci, et si cela le vois, je suis un fainéant. Je pense qu’il faut apprendre aussi à trouver des méthodes pour se calmer et aussi apprendre à trouver un réseau social non pas toujours centré sur les collègues du travail ou des personnes qui sont toxiques pour vous. Alors j’ai parcouru ce livre que je trouvais intéressant et en résumé c’est l’auteur qui énumère plusieurs petites choses à faire, qui sont importantes je pense quand on est dans cette phase de Burn Out. Je dirais quand on est en plein milieu, au début d’un Burn Out, on n’est pas capable de faire tout ça. Je pense qu’il faut un traitement, que la personne puisse retrouver une certaine stabilité, et plus on peut commencer peut-être un travail plus sur soi, un peu d’introspection. Trouver aussi quelles ressources on a. Ce n’est pas parce qu’on a fait un Burn Out qu’on a perdu tous nos ressources, trouver nos ressources, les identifier. Et puis cette question d’estime de soi est primordiale. Arriver à ce que cette personne puisse retrouver l’estime d’elle-même pour qu’elle puisse commencer, effectivement, à se projeter différemment dans l’avenir. L’axe entreprise, c’est assez, je pense, c’est assez difficile. C’est complexe. On a des entreprises qui effectivement fonctionnent, sur cette Corporate Mind de dire que : on travaille, il faut de la productivité, il faut que les bénéfices entrent. S’il y a des personnes qui font un Burn Out, et bien on peut les remplacer. Peut-être dans des très grandes boîtes ça peut se faire. Mais dans les plus petites boîtes, dans les petites entreprises, dans les TPE c’est assez difficile si vous avez quatre, cinq personnes et il y a deux personnes qui sont en Burn Out. C’est assez compliqué. Donc je pense qu’il y a actuellement, il y a toute une nouvelle génération d’entrepreneurs qui se disent : « bah finalement si mon entreprise fonctionne, pour faire fonctionner ça de mon entreprise il faut aussi que les gens qui travaillent pour moi soient contents, soient en bonne santé. Ça veut dire que je n’ai pas intérêt à ce que les gens qui travaillent pour moi soient en Burn Out, parce que je vais devoir les remplacer. Ils vont être en maladie ». Donc il y a une philosophie qui, peut-être prendra beaucoup de temps avant de s’installer, c’est à dire que, comme dit ce fondateur d’une start-up américaine, il dit : « Surtout n’allez pas faire un Burn Out. Mangez bien, prenez soin de vous, faites de l’exercice. Parce que si vous prenez soin de vous, vous allez bien prendre soin de votre travail, et donc de mon entreprise ». Il y a quelques temps, il y a ce slide qui est apparu dans la presse qui concerne une grande boîte qu’on connaît mais qu’on ne peut pas dire le nom et donc, effectivement, qui dit ben voilà, on travaille plus ou moins 40 heures par semaine mais on sait bien que beaucoup d’autres travaillent plus que 40 heures on est plus ou moins dans les 50 heures. Parce que si on ne fait pas au moins 50 et on est mal vu. On peut travailler 55 heures mais ça ne veut pas dire que à la longue c’est mieux. A partir de 55 heures, on commence à avoir des problèmes cognitifs. A court terme on peut travailler 60 heures, peut-être qu’à court terme la productivité de l’entreprise va être meilleure. Mais à plus long terme, l’employé va s’écrouler. Et ce n’est sûrement pas une semaine de vacances qui va le remettre sur pied pour qu’il redevienne, peut-être efficient comme à 40 heures. Donc je parlais de la culture d’entreprise, d’une entreprise, que c’est important que le Burn Out soit pris en considération. Parce que je pense que le Burn Out reflète aussi, d’une certaine façon, le type, la façon dont l’entreprise fonctionne aussi. Je pense que le Burn Out nous donne une indication. Comment l’entreprise traite aussi les problèmes de ses employés. Je pense que les ressources humaines ont eu un rôle clé dans la prise en charge du Burn Out. Et la prévention du Burn Out doit impliquer à la fois les décideurs et aussi les salariés. Non pas sur un mode : qui va gagner, plus ou l’autre, mais je crois les deux doivent être gagnants. Alors petit exemple, par exemple création d’une cellule de crise avec une confidentialité assurée pour les gens qui peuvent venir se confier. Ou des services qu’on peut offrir à des employés. Donc comme je vous dis la prévention du Burn Out, ce n’est pas simplement aller voir un médecin. C’est toute une série de choses qu’il faut prendre en compte, les pratiques managériales, le respect des valeurs, l’équilibre entre contrôle et autonomie. Alors je termine par cela en vous disant que le retour au travail d’une personne qui a fait un Burn Out est extrêmement important. C’est un point capital, clé. La personne qui a été écarté de son travail pendant trois mois ou même plus, revenir au travail c’est un stress important. Parce qu’il ne sait pas comment il va être accueilli, quel type de travail la société a prévu pour lui, qui est son futur manager. Et je pense qu’il faut qu’il y ait une collaboration entre ressources humaines, le médecin du travail afin que le retour se passe bien. Alors pour terminer, un Burn Out, bien souvent on réagit au Burn Out en disant : « ce travail ne me convient plus, je vais changer de travail. Je veux trouver un autre travail ». Je pense que c’est un tort. Je pense que, avant de changer de travail, il faut se dire que l’épuisement, le Burn Out c’est quelque chose qui vient du dehors et aussi quelque chose qui se passe à l’intérieur. Je pense que quand on est confronté à un Burn Out, il faut à la fois se dire : qu’est-ce qu’on peut changer aussi, à l’intérieur de soi, ça veut dire de son mode de fonctionnement, au lieu de toujours regarder les déficiences de l’entreprise et avoir ce réflexe, on change, on va aller ailleurs. Le risque c’est bien souvent, quand on va ailleurs, on répète le même mode de fonctionnement et tôt ou tard on refait un autre Burn Out. Voilà.

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