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Webinaire « Les fractures chez nos aînés : traitements et suivi » (version accessible)

Webinaire « Les fractures chez nos aînés : traitements et suivi » :

Dr Sanchez (début) : Mesdames, messieurs bonsoir. Nous vous souhaitons la bienvenue à cette conférence sous forme de webinaire qui s’intitule : les fractures chez nos aînés traitements et suivi. Je suis docteur Sanchez. Je suis directrice médicale du pôle gériatrie des Hôpitaux Robert Schuman et je suis très fière de vous présenter aujourd’hui, ensemble avec mes collègues, un sujet qui nous tient à cœur. Depuis 2018 les HRS ont pris l’initiative de faire un fort investissement dans la prise en charge des personnes âgées. Et c’est dans ce contexte que nous avons initié une collaboration entre les services de traumatologie et les services de gériatrie pour prendre en charge justement ces patients âgés, fragiles qui arrivent à l’hôpital avec une fracture, après une chute et qui doivent subir un traitement chirurgical, mais non seulement chirurgicale. Nous appelons ce projet ATZ, donc Alters Trauma Zentrum. Et donc aujourd’hui vous allez écouter plusieurs de mes collègues qui participent à la prise en charge, ou qui sont responsables de la prise en charge de ces patients. Si vous avez des questions, vous pouvez poser des questions via le chat et on va répondre. On va faire un tour des questions à la fin des toutes les présentations. Pour commencer, je vous présente Dr Markus Burkhardt qui est médecin spécialiste en traumatologie et qui va faire une présentation en allemand sur la prise en charge des fractures chez des patients atteints d’une ostéoporose. Markus.

Dr Burkhardt (1m35) : Danke Ana

Dr Sanchez (12m55) : Merci Dr Burkhardt. Donc nous allons maintenant écouter Dr Cioclov. Elle est médecin gériatre et elle travaille quasi exclusivement dans ce projet de Alters Trauma Zentrum et elle va nous parler de la fragilité qui rend la prise en charge de ces malades si spécifiques. Merci.

Dr Cioclov (13m15) : Bonsoir, bienvenue de ma part. Donc ce soir je vais vous parler de la fragilité de la personne âgée. Pour comprendre qu’est-ce que c’est la fragilité, on va se poser quelques questions : qu’est-ce que c’est la fragilité et quel est le rapport avec les fractures. Qu’est-ce qu’on peut utiliser comme outil pour dépister la fragilité à l’hôpital. Qu’est-ce qu’on peut faire pour la prévenir et comment on la prend en charge à l’hôpital. La fragilité, donc, c’est un syndrome qui correspond à une vulnérabilité liée au vieillissement et elle est la conséquence d’une baisse des capacités de l’organisme à répondre à un stress. Les fractures sont des événements aigus qui sont survenus souvent chez les personnes âgées fragiles. Ici, on a la comparaison avec un iceberg, la fragilité, donc on peut la comparer avec l’iceberg. Il y a la partie visible et la partie invisible qui va être relevé à l’occasion de l’apparition de l’événement aiguë. Fragilité, comme on l’a vu, c’est la vulnérabilité et les dimensions de la vulnérabilité sont la dénutrition. Suite à la dénutrition nous avons la sarcopénie, la diminution de la masse musculaire. Il y a également les chutes. Il y a les risques de fracture. Il y a la dépression, la démence, la perte de la mobilité et également les troubles sensoriels. J’ai pris l’exemple de la sarcopénie pour vous montrer la diminution de la masse musculaire. Ici, il y a une section transversale d’une cuisse d’une personne jeune, active et d’une personne âgée sédentaire. On voit la nette diminution de masse musculaire pour la personne âgée sédentaire. Donc c’est ce qui la rend très fragile. Comment on pourrait reconnaître cette fragilité. On utilise les critères de Fried. Ces critères vont nous aider à classifier la fragilité en trois états. Les critères qu’on utilise c’est la perte de poids de plus de 4 kilos et demi ou de 5 % de son poids habituel au cours de la dernière année. Il y a aussi une baisse de la vitesse de marche sur une distance de 4 m. En sachant que le seuil c’est de 0,8 mètres par seconde. On a un autre critère, c’est la diminution de force musculaire et la force musculaire on la teste avec l’appareil que vous voyez ici dans l’image. On teste également l’asthénie et la sédentarité. Les trois états qui nous permettent de classifier la fragilité sont l’état non-fragile où il n’y a pas de critères, l’état pré fragile ou intermédiaire où il y a un ou deux critères et l’état fragile où on n’a plus de trois critères ou plus. Quel outil on utilise pour reconnaître la fragilité à l’hôpital. On sait que la survenue d’une fracture d’une personne âgée, pour la personne âgée augmente la mortalité et la morbidité. Des études ont montré que l’association d’une prise en charge gériatrique, orthopédique dans le cadre d’un service d’ortho gériatrie, chez nous Alters Trauma Zentrum, permet d’améliorer le score fonctionnel à trois mois, réduit la mortalité intra hospitalière, et également il y a une réduction des complications médicales post chirurgie. Le rôle de gériatre c’est de réaliser une évaluation gériatrique. Ça veut dire une évaluation gériatrique, c’est une évaluation de la personne âgée dans sa globalité. On va évaluer la personne âgée sur le plan clinique, sur le plan fonctionnel, sur le plan psycho cognitif et sur le plan social. En prenant chaque plan à part, on va voir que sur le plan clinique on va étudier son état nutritionnel, la poly médication, les troubles sensitifs. Sur le plan fonctionnel, on va déterminer l’autonomie fonctionnelle ainsi que les troubles de la marche et le risque de chute. Du point de vue cognitif, nous allons tester les troubles de la mémoire, la dépression et également la solitude. Et du point de vue social on va s’intéresser au projet de vie du patient des déménagements éventuels, l’entourage et puis éventuellement, sûrement son logement. Comment on prend en charge à l’hôpital la fragilité. Une fois détecté, il faut réagir vite. Il faut qu’on lutte contre le déconditionnement. Il faut favoriser la mobilisation précoce, optimiser les apports nutritionnels, diminuer le plus le risque de confusion aiguë, favoriser l’autonomie pour les activités de vie journalière comme la toilette, l’habillage et adapter l’environnement hospitalier au patient et également essayer d’anticiper, adapter le logement du patient quand il va retourner à domicile. Comme conclusion, la fragilité est un état de vulnérabilité à un stress secondaire, à des multiples déficiences de système qui conduisent à une diminution des réserves physiologiques. Elle est différente de l’âge et des comorbidités. Elle est un état de pré dépendance. Elle nous permet de prédire des nombreuses complications. Ça nous permet également de caractériser une population cible pour des interventions comme les personnes qui ont des fractures. La fragilité est un état dynamique et traitable et réversible. Je vous remercie.

Dr Sanchez (20m45) : Merci Dr Cioclov. Maintenant c’est madame Franca Minoia qui est infirmière, cheffe responsable donc de l’unité de traumatologie qui accueille les patients âgés avec des fractures et qui va nous parler de comment soigner en évitant les complications.

Franca Minoia (21m12) :

Merci. Bonsoir et bienvenue. Comme le disait Dr Sanchez, moi je vais parler donc comment soigner en évitant les complications chez la personne âgée. Le soin à la personne âgée est devenu pour le soignant vraiment une préoccupation majeure et elle s’intéresse encore plus son amont à la prévention de la dépendance. Il ne s’agit plus désormais d’identifier la personne fragile, mais de prévenir la fragilité. Prévenir la fragilité en mesurant les capacités intrinsèques des patients et de les maintenir à accomplir les activités à la vie quotidienne. Le rôle de l’infirmière est donc promotionnel, préventif et curatif, et axée vers des cibles. C’est à dire l’application des protocoles standardisés qu’on a établi pour notre service. L’objectif partagé par tous, toute l’équipe est de maintenir la capacité fonctionnelle qui permet le bien-être à un âge avancé, de renforcer l’engagement de la personne elle-même et de la famille, et de promouvoir une communication et une coordination efficace des soins, et promouvoir une prévention et un traitement efficace pour rendre le soin abordable et plus sûr, et de travailler tous ensemble avec un service et multidisciplinaire. Notre équipe ortho gériatrique, multidisciplinaire qui se constitue par des ergothérapeutes, des diététiciennes et des kinésithérapeutes, des orthophonistes, des neuropsychologues, des médecins gériatres, médecins traumatologues et des soignants, et j’en oublie certainement quelques-uns. Ils prennent en charge la personne âgée en se concentrant sur le risque et la prévention. Comment reconnaître donc ces risques et cette fragilité. C’est très important, donc à l’entrée du patient d’évaluer soigneusement la situation du patient vis-à-vis des complications et autres gênes potentielles qui peuvent survenir. Comment on fait ? Dès l’arrivée du patient on commence par une anamnèse, par un recueil de données qu’on complète en identifiant vraiment toutes les habitudes de vie quotidienne de la personne, et aussi la situation clinique actuelle. Toutes ces données et ces informations nous permettent de planifier nos soins afin d’assurer un soin de qualité et tout en adoptant des mesures de sécurité. Ces informations on les reçoit, soit par le patient lui-même, soit par la famille ou par les maisons de soins. Ça dépend la provenance du patient. Donc avec ces protocoles et une anamnèse complète on peut planifier nos soins. On a dans notre service des protocoles standardisés. Je vais vous en nommer quelques-uns. C’est par exemple : prévention des escarres, des chutes, de la douleur, de la dénutrition, des infections urinaires, la prévention de la constipation, la gestion de l’état confusionnel et l’évaluation de la situation clinique par des staffs hebdomadaires. Les staffs hebdomadaires nous permettent donc de faire une évaluation de la situation clinique du patient et de son potentiel de rééducation. Cela en découle un plan rééducatif qui nous permet donc de faire une démarche pour une demande de rééducation. Les premiers soins c’est les préventions des chutes. Les chutes représentent 40 à 60% des traumatismes chez la personne âgée. Et c’est donc une première cause, vraiment, de l’hospitalisation et c’est vraiment une de nos premières préoccupations. Toute chute, il faut savoir que toute chute constitue un événement traumatique pour la personne et qui peut entraîner une dépendance encore plus importante et un traumatisme psychologique. Le patient a vraiment peur. Il est anxieux de retomber de nouveau. Et cela risque, et peut entraîner une réduction de la mobilisation. Et c’est pour ça qu’il est très important de reconnaître ces signes qui sont appelés aussi « syndromes post chute » pour intervenir correctement. Qu’est-ce qu’on fait ? Alors les objectifs, à savoir, éviter les chutes tout en favorisant l’autonomie du patient et assurer un environnement adapté à l’état clinique du patient. C’est pour ça que dans notre service et dans tout l’hôpital HRS, on a des brochures, et une d’elle c’est la brochure « prévention des chutes ». Ou on distribue à l’accueil, à l’entrée du patient, soit au patient s’il n’est pas désorienté soit à la famille. Et on explique aussi tout le concept de nos soins. Là, il y a quelques conseils et un guide pour prévenir les chutes comme par exemple, utiliser la poignée de la porte ou se maintenir au bar qui sont dans le couloir, ou dans la chambre, dans les salles de bain pour que les patients se lèvent tout seuls, de préconiser des chaussures fermées antidérapantes ou, à la demande du patient ou de la famille, on peut aussi remonter les barrières du lit pour que les patients ne chute pas du lit et de mettre à disposition tout le matériel pour la marche, par exemple une canne, un cadre ou une chaise roulante s’il le faut. Et aussi éclairer la chambre et les endroits où le patient doit se déplacer. Aussi la chambre est aménagée. C’est-à-dire, on met les effets personnels du patient au plus près de lui et le matériel médical comme par exemple le pied à perfusion, les redons ou les sondes vésicales. On les met à une place qui vraiment ne pose pas de problème pour le patient. Et la chambre elle doit être aussi plus ou moins ordonnée. C’est à dire il ne faut pas qu’il y ait des choses sur le sol pour que le patient ne trébuche pas. Et le matériel comme je vous avais dit, à la marche, à disposition du patient. La prévention des escarres. Les escarres c’est une complication assez fréquente et qui apparaît vraiment rapidement. Dans les deux heures ça peut apparaître. C’est une blessure provoquée par une compression, par une compression de la peau, des muscles et des vaisseaux sanguins. Si le patient est immobile vraiment sur le fauteuil ou dans le lit, ça peut apparaître très très vite. Là aussi on a une brochure avec tous les conseils et les soins qu’on peut faire. Et comme vous voyez sur la première page de cette brochure, il y a grand écrit « bouger moi ». Ça veut dire vraiment, la première chose à faire, c’est vraiment la mobilisation précoce. C’est pour ça qu’une chose importante, c’est vraiment de mobiliser le patient le plus souvent possible et le moindre changement de position peut diminuer cette compression. Il faut éviter les frottements. Quand on lève le patient du lit, on le soulève, il faut vraiment l’aider avec les bras et les jambes et positionner des coussins pour la position physiologique dans le lit. Il faut surveiller vraiment très très bien à chaque mobilisation, l’état de la peau pour voir les premiers signes d’une escarre. Et si le patient est incontinent, une toilette intime est indispensable. La prévention des infections urinaires et la constipation, les personnes âgées sont très vulnérables aux maladies infectieuses par rapport aux sujets jeunes. C’est à cause d’une diminution du système immunitaire et un changement physiologique de leurs organes. Les facteurs de risque des infections peuvent être l’âge, la dénutrition, la poly médication, la démence, les infections chroniques concomitantes, et les sondes urinaires et un système immunitaire fragilisé. Comme l’infection urinaire ne provoque pas forcément des douleurs ou un inconfort, il faut être très attentif par exemple aux changements du comportement de la personne âgée, qui peuvent être un signe et une alerte pour nous. Aussi, si le patient est déjà dément, cette démence, cette confusion peut s’aggraver subitement. Et si le patient est continent, un début d’incontinence aussi peut apparaître et cela doit nous rendre attentif que c’est une infection urinaire. Qu’est-ce qu’on fait ? On hydrate le patient pour assurer une diurèse d’au moins 2 litres par jour. On fait une vidange régulière de la vessie et complète. Si ce n’est pas possible de vider naturellement la vessie, on peut utiliser le Bladderscan. C’est un appareil pour mesurer la rétention d’eau. Et l’alimentation doit être riche en fibres. Surveiller le transit intestinal. Favoriser la mobilisation et un massage abdominal est aussi nécessaire aux besoins. Et enlever la sonde urinaire si le patient en a une. Dans des cas précis et aussi quelques fois, on a mis en place cela. C’est un calendrier mictionnel. C’est-à-dire, on programme et on planifie des mictions à des heures dans la journée et on lève le malade pour aller aux toilettes même s’il n’a pas le besoin mais comme ça on stimule la vessie et elle va se régulariser. La prévention de la dénutrition et de la déshydratation, un manque d’appétit est souvent naturel chez la personne âgée mais il ne faut pas négliger les risques d’une mauvaise alimentation. L’apport calorique est très important pendant le séjour hospitalier et l’alimentation doit être équilibré et en quantité suffisante. Elle doit être aussi riche en protéines, vitamines et nutriments essentiels. La déshydratation, aussi, il faut savoir que la personne âgée ne contient que 50 % d’eau et les récepteurs de la soif sont ralentis chez la personne âgée. Ça veut dire que le patient n’est plus incité à boire. Et ça peut entraîner aussi des effets négatifs sur les reins et sur le transit intestinal. C’est pour ça que c’est important, donc, dès le début que le patient est là, de collaborer avec notre diététicienne qui passe régulièrement et qui adapte un régime pour le patient. Ce régime peut être déjà depuis le début. C’est un régime hyper-protidiques mais on peut aussi ajouter encore d’autres compléments en forme de poudre, de crème ou de liquides qu’on peut mélanger dans les aliments, ou les donner en collation. Ce qu’on fait aussi, on rassemble les patients pour éviter l’isolement, et là on les accompagne les patients lorsqu’ils mangent, surveiller les poids et assurer une hygiène buccale quotidienne parce qu’avec les antibiotiques, les personnes âgées peuvent avoir plus rapidement une muqueuse. Pour la déshydratation, c’est aussi un petit peu la même chose, c’est inciter à boire régulièrement même si le patient n’a pas soif. Maintenir les locaux à température normale, régler le chauffage en hiver ou en été, utiliser un ventilateur, être attentive aussi à l’habillement de la personne âgée et à sa cohérence avec la température ambiante, surveiller la température corporelle, contrôler le poids et contrôler le pouls, qui peut être accéléré et qui peut être un indice aussi de la déshydratation. La prévention, le soin pour la prévention de l’état confusionnel. L’état confusionnel peut survenir vraiment les premiers jours post-op et ça doit vraiment nous rendre attentif parce que c’est une forme des dysfonctionnements aiguë et temporaire du cerveau. Et pour éviter et pour diminuer vraiment cet état confusionnel chez le patient, on a adapté les chambres pour favoriser l’orientation. C’est à dire on a mis des calendriers, des horloges et aussi l’élimination jour et nuit. On ferme les rideaux. On ferme les volets et tout ça. Et favoriser la mobilisation précoce et la récupération fonctionnelle rapide. On met les lunettes, si le patient en a, les prothèses auditives. Favoriser une chambre individuelle à la demande du patient ou de la famille. Et aussi favoriser la présence familiale qui peut aussi calmer vraiment le patient. Stimuler le patient à boire ou lui donner à boire régulièrement. Et surveillance des éliminations, comme je vous ai dit avant. Une infection urinaire peut provoquer vraiment, aussi un état confusionnel. La dernière complication, c’est le trouble du sommeil, du rythme du sommeil. Le trouble du sommeil et du repos est vraiment déréglé chez la personne âgée dû aux changements de l’environnement dans son entièreté. Des perturbations émotionnelles et aussi l’intervention peuvent encore aggraver ces troubles. Qu’est-ce qu’on a fait ? On ferme les rideaux le soir, au couché du patient. On allume la lumière, une veilleuse de nuit, On laisse la porte ouverte, de la chambre ouverte à la demande du patient. Et les projets qui sont en cours, c’est le blocage des stores. A savoir que nous les stores remontent automatiquement quand il y a beaucoup de lumière du soleil et ils remontent quand il y a beaucoup de vent. Maintenant on les a bloqués comme ça il y a toujours cette illumination du jour et la nuit. Et on est en train de mettre en place la luminothérapie. En conclusion, je voudrais dire que cette prise en charge basée sûrement sur des préventions n’exclue pas l’arrivée des complications, mais elle diminue largement leur apparition et assure une meilleure hygiène de vie pour la personne âgée. Je vous remercie.

Dr Sanchez (37m07) : Merci Franca. Nous allons écouter maintenant notre avant dernier intervenant. C’est Yves de Waha, kinésithérapeute qui travaille également dans l’unité de traumatologie des personnes âgés, ici aux HRS et qui va nous parler donc du rôle de kinésithérapeute, ergothérapeute dans la prise en charge d’un patient avec un traumatisme.

Yves de Waha (37m37) :

Dr Sanchez (46m48) : Merci beaucoup. Voilà, nous allons finaliser notre dernière présentation qui va être faite par Dr Ammar qui est également gériatre et qui travaille dans le service de rééducation gériatrique à la clinique Sainte-Marie. Elle va nous expliquer donc la suite après une chirurgie d’une fracture. Comment on favorise l’autonomie des patients et comment on fait la rééducation spécifique chez ces patients. Merci Dr Ammar.

Dr Ammar (47m20) : Bonsoir tout le monde. Donc voilà on va parler justement de la rééducation qui est un maillon important de la prise en charge des fractures chez la personne âgée. Donc je vais parler justement des services de rééducation gériatriques dans le parcours de soin du patient ATZ notamment à la clinique Sainte Marie ou j’exerce actuellement et où on dispose également d’une capacité de lit importante de rééducation gériatrique. Donc la première question que je me pose avec vous, pourquoi c’est un passage obligé la rééducation dans le parcours de soin de la personne âgée. Pourquoi elle ne peut pas rentrer directement à domicile après l’opération, dans les suites directes de l’opération. Quand elle a vu, donc il y a une chute favorisée par une vulnérabilité sous-jacente comme l’a expliqué Dr Cioclov tout à l’heure qui conduit à une fracture qui est un choc, un os cassé, une admission aux urgences, hospitalisation, blocs opératoires, anesthésie, confusion, toutes les complications postopératoires qu’on a abordées tout à l’heure. Et puis, quand bien même le patient s’en sort bien, il reste un déficit fonctionnel important qui rend son état incompatible avec un retour à domicile. Il y a aussi beaucoup d’appréhension, il y a un sentiment d’insécurité. Le patient est encore, voilà, en début de rémission d’une des complications postopératoires. Et cette situation a un nom dans notre jargon gériatrique. Ça s’appelle syndrome de désadaptation aigu. Ce syndrome de désadaptation aigu nécessite une intervention urgente qui consiste à un projet de réadaptation, une réadaptation précoce progressive et prolongée qui doit être continuer et poursuivi a la sortie de l’hôpital après le séjour en rééducation. Donc nos objectifs de prise en charge sont de restaurer au maximum et au mieux une restauration intégrale de l’état antérieur du patient avant la chute et qui pour qu’il puisse réintégrer son lieu de vie habituel.

Pour ça, on a besoin de plusieurs compétences. Donc on a besoin d’une collaboration pluridisciplinaire avec plusieurs intervenants, médecins, soignants, ergos, kinés, orthophonistes psychologues, psychomotriciens, diététiciens, podologues et l’assistante sociale. Tous ensemble on va élaborer un projet de soins pour le patient afin qu’il puisse atteindre les objectifs déjà fixés. Donc voilà, notre prise en charge obéit à des règles et des principes. Tout d’abord le patient quand il arrive chez nous, on établit un bilan clinique initial. On fait une évaluation à l’admission qui sera notre base pour proposer une prise en charge. Cette prise en charge se fera dans le respect de la douleur du patient. Elle favorise un temps de parole et d’expression des ressentis. Il y a des liens qui se créent entre médecins et patients, entre thérapeutes et patients et c’est très important parce que, voilà, en rééducation un patient séjourne pendant deux trois semaines voire plus, et donc une collaboration est importante. Il y a une confiance. Il faut qu’il y ait une entente, une confiance entre le patient et le staff et tous les thérapeutes qui s’en occupe. Puis on adapte les techniques aux patients, à son histoire et on consacre un temps important à la prévention des chutes, à l’éducation thérapeutique. Donc voilà, la prise en charge elle est individualisée avec des objectifs personnalisés. Chaque patient a son planning de soins, a sa prise en charge à lui. Pas de copies. Chaque patient est unique et sa prise en charge est unique. Elle dépend au départ du bilan fait à l’admission. Elle dépend aussi des besoins du patient, des attentes du patient, de son entourage, le potentiel réellement dont il dispose, ses possibilités d’apprentissage, ses capacités cognitives, ses capacités physiques, s’il est en décompensation ou pas d’une comorbidité, de sa participation. Mais rien n’est figé. On est tout le temps en train de réévaluer le patient, d’adapter son programme. Donc tous les intervenants on communique, on trace tout dans le dossier et une fois par semaine, justement on se réunit pour concerter ensemble sur la prise en charge du patient, redéfinir les objectifs, proposer qu’est-ce qu’on pouvait faire pour améliorer, pour atteindre nos objectifs. Donc là je vais parler un peu des volets de prise en charge. Qui dit rééducation, dit kiné en premier temps. On pense toujours kiné, c’est comme ça. Donc je ne vais pas répéter ce qu’il vient de dire. Juste voilà, on propose des séances soit individuelles ou en groupe, plusieurs fois par jour d’une façon assez régulière, des séances adaptées à l’état clinique du patient dans la durée, dans la fréquence, avec les mêmes objectifs de récupération des amplitudes articulaires, renforcement musculaire, le travail de l’équilibre et la rééducation à la marche. L’ergothérapie c’est un temps très important aussi de la prise en charge. L’ergothérapeute nous aide déjà à l’évaluation initiale et participe activement à la rééducation, surtout ciblée sur les activités constructives. L’ergothérapeute nous aide énormément au choix des techniques, à l’apprentissage de l’utilisation des techniques chez les patients, l’évaluation est l’adaptation de l’environnement. Il donne des conseils pour l’aménagement du domicile, lui commande du matériel également, et puis voilà. Il nous donne aussi des conseils dans la prescription du fauteuil roulant et la confection de certaines orthèses. Mais un temps important aussi est consacré à l’apprentissage du relevé du sol. C’est-à-dire, voilà, on fait des exercices. On essaie d’apprendre aux patients une technique pour qu’il puisse se relever du sol tout seul s’il subit une chute à domicile afin d’éviter les complications très redoutables d’une situation prolongée au sol. Après voilà il y a des points communs. Tout ce qui a été déjà cité auparavant lors de la prise en charge en service d’ATZ. Donc voilà, on insiste sur la prévention des complications du décubitus, les infections nosocomiales, la prise en charge des comorbidités du patient, prévention et traitement de l’ostéoporose, et la prise en charge prise en charge nutritionnelle. On est particulièrement très attentif à la dénutrition protéino-énergétique donc, et les dépister systématiquement et la diététicienne, elle fait un suivi assez rapproché durant tout le séjour du poids, de la quantité des repas que le patient prend durant son séjour et puis elle veille aussi à l’enrichissement des repas et proposer des compléments alimentaires s’il y a une carence d’apport. Maintenant j’aborde aussi un volet de prise en charge qui est hyper important. C’est le soutien psychologique du patient chuteur. Tout le monde a parlé du syndrome post chute. Ça a été bien expliquer. Donc voilà la chute. Elle entraîne la peur de tomber avec une restriction volontaire des activités, ce qui va, malheureusement entraîner un déconditionnement des capacités physiques avec un déclin fonctionnel, cognitif, psychologique et physique. Et ça va entretenir la chute. C’est un cercle vicieux qui s’installe et qu’il faut casser assez rapidement. Un syndrome post chute chez un patient âgé, c’est assimilé à un état de stress post traumatique. Le choc émotionnel est très violent et nécessite une prise en charge assez importante. Ici je vous ai mis voilà schématiquement un patient âgé en position de rétro pulsions. C’est une position assez typique chez le patient chuteur qui a peur, qui appréhende la marche, qui, voilà, se met en position qui n’est pas du tout adapté. Il risque de tomber mais voilà. Donc on fait aussi dans le cadre de la prise en charge psychologique, tout ce qui pourrait faire plaisir à nos patients : de la relaxation, de la sophrologie, des ateliers de cuisine thérapeutique, de la socialisation. Maintenant, on arrive à une étape ultime de la prise en charge, c’est la préparation de la sortie et l’évaluation finale. Donc la première chose, est-ce que notre contrat d’objectifs a été atteint ou non ? Dans la plupart des cas, heureusement, c’est un oui, et quand même voilà. Comme le cas de cette mamie, elle est toute prête à rentrer à la maison. Elle a juste besoin de son rolator. Elle peut-elle peut marcher à une bonne vitesse avec ses talons. Mais malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Parfois on est heurté à certains obstacles, parfois la réticence des proches, ou bien parfois c’est l’évolution clinique qui est incompatible avec un retour dans les conditions précédentes à domicile. Et à ce moment-là, on doit anticiper, on doit vraiment être un peu visionnaire, se projeter dans le domicile du patient et essayer d’apporter les solutions en termes de techniques et humains pour sécuriser le retour à domicile et pour que cela soit possible. Dans notre situation, on est obligé, quand même, de proposer aux patients d’aller en institution parce que le maintien à domicile s’avère impossible. Mais dans tous les cas, la poursuite de la prise en charge en rééducation-réadaptation est importante. Il faut que le patient ait sans ordonnance pour poursuivre la rééducation à domicile et pourquoi pas proposer l’hôpital de jour de rééducation. Donc qu’est-ce que c’est un hôpital de jour de rééducation gériatrique ? C’est un programme de rééducation globale mais dans un cadre ambulatoire, sans hospitalisation, à raison de deux à trois séances par semaine. Donc le patient fait un va et vient. Il vient à l’hôpital. Il reçoit ses thérapies qui sont bien programmées avec un planning de prise en charge, toujours une prise en charge pluridisciplinaire. D’office il y a une consultation médicale, de la kiné, de l’ergothérapie et puis, en fonction des besoins du patient, on peut planifier de la psychomotricité, de l’orthophonie, des séances aussi de psychothérapie. Ça permet une continuité de la prise en charge initiée déjà en hospitalisation et un soutien du maintien à domicile, de l’autonomie et de la qualité de vie du patient. Donc pour conclure, rééducation-réadaptation, donc la rééducation occupe une place très importante dans le parcours de soins. Elle doit commencer d’une manière précoce. C’est une prise en charge individualisée, multidisciplinaire et globale. Il faut une évaluation à l’admission avec des réévaluations permanentes. Il faut être très attentif au syndrome post chute et vraiment le prendre en charge correctement. Et puis anticiper, préparer correctement la sortie chez le patient âgé. Et puis proposer l’hôpital de jour. A défaut, lui donner une prescription pour continuer sa rééducation en ambulatoire après la sortie. Merci de votre attention.

Dr Sanchez (58m45) : Merci beaucoup Dr Ammar. Voilà donc on a conclu toutes nos expositions. Le temps des questions est ouvert. Pour l’instant je crois qu’on n’a pas de questions tout de suite. Donc je voulais remercier tous les participants qui ont bien exposé leurs sujets. J’espère que ça a servi au public pour répondre à quelques questions que vous pouviez avoir autour des traitements des patients âgés avec des fractures. Et donc je vous remercie pour votre attention également. Et voilà je pense qu’on conclut. Ah si, il y a une question. Excusez-moi.

Donc la question c’est : quel est le rôle des soignants et infirmières dans cette prise en charge. Je ne sais pas si Franca veut répondre. Sinon pour ma part, je peux déjà répondre. Le rôle des soignants est, comme Franca a expliqué, fondamental, parce que les patients âgés ont effectivement un risque de complication a tous les niveaux. Et c’est des complications qui, si on ne les cherche pas, si on les repère pas rapidement, quand on les retrouve c’est déjà un peu trop avancé. Par exemple par rapport à un patient plus jeune, un jeune qui est en pneumopathie commencera tout de suite à avoir de la fièvre et à se plaindre d’une toux alors que le patient âgé peut facilement commencer simplement par une diminution de l’état général, une somnolence, une diminution de l’appétit, une diminution de la mobilité. Donc si on est pas attentifs à tous ces signes, on peut effectivement ne pas voir des complications arriver. Les docteurs ne sont pas très souvent dans les chambres des malades. On fait une visite journalière, mais les professionnels des soins qui sont vraiment au chevet du malade c’est les infirmières et les aides-soignantes et c’est à eux le rôle, effectivement, d’être très attentif aux complications quotidiennes. Je ne sais pas si ça répond déjà. Donc merci beaucoup, comme j’ai dit aux orateurs et aux personnes qui nous ont écoutés à travers ce webinaire. Et voilà, on se verra peut-être une prochaine fois pour continuer à parler de la prise en charge de nos patients âgés. Merci beaucoup.

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