De quoi s’agit-il ?

Le trouble psychotique s’installe progressivement dans la vie du patient. Il comporte différentes phases. La durée de chaque phase varie d’un individu à l’autre, et ces différentes phases se succèdent généralement dans le même ordre.

La maladie débute avec la phase prodromique, puis le premier épisode psychotique survient. Ce premier épisode correspond à la phase dite active ou aiguë de la maladie. Ensuite, une phase de stabilisation suit.

Les épisodes psychotiques décrits dans la phase aiguë peuvent se répéter, on parle alors de rechute. Ces rechutes sont à chaque fois suivies d’une période de stabilisation.

Ces différentes phases de la maladie ne sont pas toujours bien distinctes. La présence de symptômes de la phase aiguë dans la phase de stabilisation est possible, mais ces symptômes y seront plus discrets, plus acceptables.

Phase prodromique → Phase aiguë ou active → Phase de stabilisation ou résiduelle

Phase prodromique

C’est la première phase de la maladie, elle précède le 1ᵉʳ épisode psychotique. Elle est difficilement identifiable, car les premiers signes sont vagues. Il y a modification des pensées, des émotions, de la perception de la réalité. Les proches perçoivent les changements d’attitude de la personne concernée comme acceptables, même s’ils sont parfois dérangeants. Cela signifie qu’à aucun moment ces modifications n’ont évoqué la possibilité d’une quelconque maladie.

C’est la période durant laquelle les signes précurseurs de la maladie apparaissent, c’est-à-dire les « pré-symptômes ».

La phase prodromique peut durer jusqu’à plusieurs années. Il est difficile de la distinguer d’une crise d’adolescence. Elle se manifeste majoritairement vers la fin de la puberté, au début de l’âge adulte.

Phase active ou aiguë

C’est la période où les symptômes positifs de la maladie se manifestent de façon aiguë : délires, hallucinations, comportements  bizarres, confusion, etc.

La première fois que ces symptômes se manifestent, on parle de premier épisode psychotique ou de première crise psychotique, on dit aussi que la personne est en crise. Cette phase aigüe peut durer de quelques jours à quelques semaines. Elle se manifeste généralement après une phase prodromique. Mais il arrive quelques fois que les symptômes apparaissent soudainement, c’est-à-dire sans phase prodromique.

Lorsque les symptômes sont intenses, ils nécessitent le plus souvent une prise en charge rapide de la personne avec hospitalisation et instauration d’un traitement  médicamenteux. Dans un contexte de crise, on retrouve généralement de l’agitation, parfois de l’agressivité verbale et/ou physique.

Si la personne présente un danger grave pour elle-même ou pour autrui, il est fortement recommandé d’appeler la police qui la conduira  aux urgences de l’hôpital de garde.  Malgré cela et contrairement aux idées reçues, la personne atteinte de psychose n’est pas une personne violente.

Le suicide et  la mort sont des réalités  de la maladie. C’est lors de la phase aigüe qu’il y a le plus d’idées suicidaires et de passages à l’acte.

Dans cette phase aiguë de la psychose, la personne malade ne perçoit pas et n’interprète pas la réalité de la même manière que ses proches. Cette modification de la perception peut générer des malentendus voire des conflits.

Phase de stabilisation

C’est la période qui suit la phase aiguë de la maladie et où le traitement médicamenteux continue à faire son effet. La crise est passée. Des symptômes positifs (délires, hallucinations…) peuvent toujours être présents durant cette phase, mais de manière atténuée. La durée de cette phase n’est pas prévisible et peut varier d’une personne à l’autre.

L’amélioration pendant la phase de stabilisation permet de discuter avec le patient de son vécu durant la phase aiguë. Il est important qu’il prenne conscience de sa maladie pour favoriser l’acceptation du traitement. Pour avoir un pronostic le meilleur possible, avec des crises moins fréquentes et moins intenses, il est vivement recommandé à la personne malade de suivre scrupuleusement le traitement médicamenteux prescrit par le psychiatre, de suivre une psychothérapie de type cognitivo-comportementale, dont le but est une meilleure réinsertion sociale, une recherche d’autonomie et de favoriser une meilleure communication entre la personne malade et ses proches.

Il est également conseillé d’avoir un bon réseau d’entraide composé d’amis, de proches et d’avoir un soutien social si nécessaire. Le patient doit pouvoir éviter des situations ou des actions (tâches) qui dépassent sa capacité à faire face à la maladie et qui génèrent trop de stress. Avoir connaissance de ses propres forces et de ses limites, permet au patient d’adopter un mode de vie plus stable, de trouver un équilibre satisfaisant.

La phase de stabilisation correspond donc à la fin de l’épisode aigu avec dans le meilleur des cas la disparition des symptômes et la reprise d’une vie normale.

Phase de rétablissement

Comme toutes les phases de la maladie, la durée de la phase de rétablissement varie d’une personne à l’autre. Cette phase peut débuter dès que la personne a pris conscience de sa maladie et qu’elle en connait les symptômes. Le traitement médicamenteux doit être poursuivi, même si les symptômes ne semblent plus présents. La personne retrouve certaines de ses capacités, ses relations aux autres s’améliorent. Un programme de réhabilitation peut être envisagé dont le but est une réinsertion sociale, un retour à une autonomie fonctionnelle, et à une vie satisfaisante.

Rechute

La rechute est la réapparition des symptômes de la phase aiguë avec des symptômes aussi bien positifs que négatifs. Bien souvent, la famille, les proches perçoivent cette réapparition des symptômes bien avant le malade lui-même. Ces symptômes qui précèdent la rechute sont habituellement les mêmes pour chaque personne et correspondent aux signes précurseurs du premier épisode psychotique. D’où l’importance pour la famille, les proches de bien avoir en tête ces signes avant-coureurs spécifiques à leur proche afin de voir venir la rechute et la prendre en charge le plus rapidement possible. Dans ce cas, une hospitalisation peut éventuellement être évitée.

Dans la plupart des cas, la rechute est due à :

  • à l’arrêt du traitement médicamenteux,
  • à un manque de respect de la prise du traitement. Le patient prend son traitement n’importe quand et n’importe comment, le dosage et la fréquence ne sont pas respectés.
  • au dosage du traitement médicamenteux prescrit par le psychiatre est insuffisant.
  • à un abus de drogues et d’alcool
  • à un niveau de stress trop élevé.

Quelquefois, il n’y a pas de cause manifeste à la rechute. La fréquence et l’intensité des rechutes varient d’un individu à l’autre. Le soutien de l’entourage et la prise régulière des médicaments limitent la fréquence et l’intensité de la rechute.

Phase résiduelle ou chronique

Il s’agit d’une évolution possible de la maladie qui dépend de la sensibilité du patient et du nombre de phases aiguës endurées. En parallèle des symptômes positifs, les symptômes négatifs peuvent prédominer pendant cette phase.
La personne malade éprouve des difficultés à se mêler au groupe, elle se tient à l’écart et il lui est difficile de créer des liens affectifs. Sa famille, son entourage ont l’impression que la personne est devenue passive, sans intérêt pour eux ou pour le monde extérieur, comme si elle était devenue égocentrique. Il y a peu d’expressions sur son visage. Son monde de la pensée s’appauvrit, elle a peu de nouvelles idées.
Sa concentration et sa capacité d’attention diminuent. Le patient manque souvent d’énergie, de motivation et son hygiène personnelle peut être déficiente. Il ne participe plus aux tâches du quotidien, sa scolarité est délaissée. Il peut rester assis durant des heures sans rien faire. Des symptômes dépressifs avec émoussement des affects, ainsi que des troubles de l’humeur sont fréquents durant la phase résiduelle. Le patient craint la réapparition de la phase aiguë. Il a pris conscience de sa maladie, ce qui le met en souffrance. Les pensées négatives peuvent évoluer vers des pensées suicidaires. Elles doivent être prises au sérieux, car elles peuvent mener à une tentative de suicide. En cas d’une nouvelle crise, les symptômes résiduels ont tendance à s’aggraver, la maladie est dans une phase chronique.